Ce que l’on ne dit pas

dont touch me

Cet article n’a pas pour but de faire peur ou de générer des angoisses, c’est juste un récit, un témoignage de ma propre expérience. Pas de détail scabreux mais un retour que j’espère juste et que j’aurais aimé lire avant d’accoucher. Peut-être pour éviter de culpabiliser ensuite. Pas d’effusion de sang donc mais des états d’âmes un peu bruts. Quoi qu’il en soit, si jamais la question de l’accouchement ou de la suite vous tracasse un peu, ne vous mettez pas dans une situation anxiogène en lisant ce billet ! 

Lors de mes cours de préparation à l’accouchement, la sage-femme avait bien insisté sur l’état de vulnérabilité extrême dans lequel on se trouve lorsqu’on accouche. Déjà l’esprit est ailleurs (impossible d’écrire cette phrase sans une pensée émue pour Faf Larage), comme en transe, et puis le corps… Pour ma part en tout cas on est loin du vaisseau magique qui transporte mon âme mais plus sur une enveloppe de terminaisons nerveuses à soulager ASAP. J’avais donc bien bossé cette éventualité qu’on me fasse des soins ou qu’on apporte des soins au bébé que j’aimerai qu’on m’explique avant et Le Mec avait d’ailleurs pour mission de se faire mon porte-parole si je n’étais pas en mesure de poser mes questions. Nous avions donc préparé un court projet de naissance avec des souhaits assez basiques pour nous comme le peau à peau, l’allaitement exclusif ou encore le souhait de transparence et de communication avec l’équipe médicale. Ajoutée à cela ma lecture très récente du Chœur des femmes, je me sentais limite comme une warrior dans la maternité « viens là toi avec ton spéculum si tu l’oses » !!

Nous avons été très bien accueillis par les sages-femmes, toutes très à l’écoute, souriantes, à me demander ma permission avant chaque soin ou toucher, à me demander mon avis sur telle ou telle position à adopter,à prendre le temps d’expliquer le déroulement de l’accouchement et ses étapes… Pendant les près de 13h depuis mon arrivée à la maternité, pas une fois je me suis sentie stressée ou pas en confiance. On passait même un bon moment avec Le Mec !! J’ai ensuite accouché, les sages-femmes se sont faites très discrètes une fois que La Ptitenana était avec nous. Elles nous ont laissé le temps de la regarder, de savourer, de faire ce peau à peau si attendu. Et puis tout a pris une tournure différente très vite. La Ptitenana est née avec un tout petit poids, 2,300kg, on l’a donc emmené rapidement pour qu’elle soit habillée et qu’on lui fasse des soins. Je n’ai su ce qu’on lui avait administré qu’en lisant le carnet de santé le jour de la sortie… Mes points de repères très calmes, ma détente, se sont envolés quand la sage-femme s’est rendue compte que le placenta ne sortait pas. « On va appeler les médecins ». D’un coup 3 mecs arrivent, ne disent rien, enfilent des gants (qui montent bien trop haut sur le bras pour que la suite soit cool) et s’affairent. Je me sens partir, je ne dis rien car je n’en ai pas la force, l’anesthésiste prend le relais à mes côtés. Je cherche des yeux la gentille sage-femme, elle me sourit en me disant que tout va bien pendant qu’on fait doucement sortir Le Mec et La Ptitenana pour lui donner un biberon et épargner au papa la suite des événements. A ce moment là je me suis sentie dépossédée de tout. De mon corps encore une fois, avec 6 personnes qui me tournent autour, ne parlent qu’entre elles, me font des gestes vraiment douloureux sans même m’expliquer ou me parler. Ça dure près de 30min, 1h déjà que j’ai accouché et je culpabilise déjà de ne pas pouvoir offrir à mon bébé l’arrivée que nous avions prévu pour elle. Il y avait urgence, certes, mais j’ai vraiment l’impression d’avoir subi cette partie de l’accouchement sans qu’aucune aide psychologique me soit apportée (en tout cas de la part du corps médical). Ni au Mec d’ailleurs qui a vécu dans le même instant le plus grand bonheur et la plus grande peur de sa vie. Je garde un très bon souvenir de mon accouchement pour ce que nous avons vécu tous les 2 puis tous les 3, mais depuis je ne supporte plus qu’on me touche. Les sages-femmes se sont suivies tout au long de mon hospitalisation et à mon retour à la maison sans que je puisse accepter une consultation plus intime. Il a bien fallu que je m’y plie 1 fois ou 2 pour m’assurer que tout allait bien, mais elles ne me touchaient pas et mon corps était raide comme un bâton. Je crois qu’il est allé au bout de ce qu’il pouvait endurer et accepter par des médecins. Sans parler des puéricultrices indélicates qui t’attrapent le téton sans te prévenir, te le pince pour le fourrer dans la bouche du bébé SANS JAMAIS TE PREVENIR qu’elles vont faire ça. Et pour tous ces actes je suis restée prostrée, vulnérable, la warrior du spéculum laissée derrière moi. La 1ère nuit je n’ai même pas réalisé que j’avais LE DROIT de changer mon bébé, j’attendais qu’une puéricultrice arrive. Dépossédée de tous mes moyens.

Alors voilà ce que j’aurai aimé savoir pour blinder mon armure :

  • la péridurale te laisse avec des jambes en mousse, une sensation vraiment vraiment dégueulasse.
  • le cathéter fait un bleu dans le dos assez douloureux, du coup pour me lever j’ai du choisir entre prendre appui sur mes abdos meurtris par les passages des médecins ou sur mes reins cassés par les contractions et le bleu.
  • tu as le droit de poser toutes TOUTES les questions et de refuser des gestes sur ton bébé si tu le déclares.
  • laisser le bébé à la nurserie, quelques heures ou toutes une nuit ne fait pas de toi une mauvaise mère alors ne te flagelles pas de vouloir récupérer un peu.

Malgré tout je garde encore une fois un très bon souvenir de cette journée, très longue journée et de mon passage à la maternité. Rien n’est jamais parfait et j’ai décidé d’en garder le meilleur. Ça aura été toutefois l’apogée de ce que j’ai envie « d’endurer » médicalement parlant. Alors on se pose des questions sur la suite avec Le Mec. Oui c’est un problème de riche nous en avons conscience, la question doit tout de même être étudiée. Pour l’instant je suis repartie avec la pilule et même une pilule du lendemain. J’ai eu envie d’exploser de rire, une final digne d’un Woody Allen.

19 réflexions sur “Ce que l’on ne dit pas

  1. Ça reste effectivement assez violent.
    J’ai très mal vécu l examen gynécologique fait par le confrère de hope ( celui qui s occupe de l endometriose) lorsqu il m a fait un long touché vaginal sans me prévenir. Je suis ressortie en pleure et Mr Souris n a pu me toucher pendant un long moment. Super quand tu veux un bébé. (Sic)
    J espère que tu te remets quand même assez bien de ces événements malgré tout et que tu vas mieux.
    Pour le bébé 2, le jour où tu te sentiras prête (si tu te sens prêtes), tu pourras arrêter ladite pilule.
    Gros bisous 😘😘

    J’aime

    • Quelque part c’est « rassurant » de se dire qu’on a jamais l’habitude. Baisser sa culotte chez un praticien ok on a intégré le geste, mais qu’on ne reste pas de marbre après des actes intrusifs ça montre qu’on reste maîtresses. Ou tout du moins qu’on souhaite garder le contrôle sur nos corps et nos consentement même si on a pas là choix.
      Pour le moment je ne prends pas la pilule, j’attends mon retour de couches pour voir comment se manifeste l’endo et faire une IRM bilan.

      Oui tout va bien maintenant, je reste surprise de voir encore des bleus sur mon bas ventre mais bon, ça partira. Et puis honte de PMette : j’ai préféré mon état douloureux de post accouchement que toute la grossesse.

      Comment vont tes nausées ? Tu arrives à te reposer un peu ?

      Aimé par 1 personne

  2. J’ai échappé de peu à l’evacuation manuelle du placenta. On en était à parler anesthésie (vue que pas de peridurale) quand il s’est décidé à sortir tout seul.Mais j’ai eu le temps de sentir le changement d’ambiance. Mais c’est vrai qu’on se sent vite dépossédée et qu’on ne réagit pas toujours comme on devrait. L’essentiel est de ne pas avoir trop de regret et de garder le meilleurcomme tu le fais. J’espère que vos débuts à 3 ne sont pas trop compliqués et que vous arrivez à en profiter.

    Aimé par 1 personne

  3. Difficile de lire ton récit, j’ai eu mal pour toi 😔. Mon placenta aussi ne voulait pas sortir malgré la patience de la sage femme qui a fini par appuyer vigoureusement sur mon ventre (sans aucune douleur, merci la péridurale). Ma fille étant née à 3,8kg elle est restée dans la pièce, avec le papa, à la différence de ptite nana et de son poids plume. J’espère que le traumatisme s’est amoindri, bon courage 😘 !

    Aimé par 1 personne

  4. J’ai ricané quand mon gynéco m’a parlé contraception après la naissance de ma fille, et puis j’ai moins fait ma maligne quand il m’a expliqué que dans les cas d’OMPK en particulier, il n’était pas rare de voir des grossesses naturelles dans les mois suivants un accouchement. Vu les suites de couches compliquées et mon état de fatigue, je lui ai dit d’abouler l’ordonnance, pour ne surtout pas prendre de risques (c’est ironique de craindre d’être enceinte quand on est infertile). J’espère que tout se passe bien pour toi maintenant.

    Aimé par 1 personne

    • C’est sur qu’on se projette dans la suite vu que ça implique des traitements mais on sort de tout ça tellement épuisée qu’il faut aussi savoir se préserver.
      Oui tout va bien, on prend nos marques tous les 3 en profitant à fond 😊

      J’aime

  5. C’est bien de garder que le meilleur, ta fille en bonne santé !
    Mais ce n’est pas anodin pour ton corps, même s’il y avait urgence, ça n’empêche pas aux médecins d’être humain, à la limite ils auraient mieux fait de t’endormir surement !
    J’essaye de pas trop me projeter, ni sur la date ni sur le déroulé, je sais ce dont j’aurais envie, mais je ne ferme la porte à rien car ça se passe rarement comme on le souhaite le jour J, la seule chose qui est sure c’est qu’on va rencontrer l’amour de notre vie <3<3
    Profite bien de ta princesse, et belle vie à vous 3 🙂

    J’aime

  6. Bouuuh ma pauvre pour la révision utérine … c’est une vraie galère, j’y ai eu droit pour ma fille (et je n’avais plus du tout de péri, depuis un moment déjà car accouchement trop long), en 2 secondes il y avait 10 personnes dans la salle et le Gynéco à hurlé « appelez moi l’anesthésiste !! » en enfilant ce fameux gant long jusqu’à l’épaule 😵; l’anesthésiste est arrivé direct (comme quoi quand ça urge vraiment ils débarquent dans la seconde 😆) pour me poser une rachi mais d’ici à ce qu’elle fasse effet il m’avait quasi tout retiré … une horreur 😱. C’est ultra violent mais il faut juste retenir qu’ils n’avaient pas le choix et qu’ils ont sauvé ton utérus, voire ta vie 😕 s’ils n’arrivent pas à arrêter l’hémorragie ça se termine au bloc avec une hystérectomie 😧). Mais c’est clair qu’il faut un peu de temps pour se remettre … n’hésite pas à en parler à ton bébé (si si 😁). Je l’ai fait trop tard ! Je ne l’ai prise sur moi qu’au petit matin (naissance à 23h20) car elle avait été emmenée aussi (6 au score d’apgar) puis c’est moi qui était trop faible, je faisais syncopes sur syncopes et tremblait de tous mes membres a cause de la rachie. Je lui en ai parlé, je lui ai demandé pardon de l’avoir laissée de côté les premières heures si éprouvantes pour elle (son papa a fait du peau à peau 2/3h puis a dormi aussi après car il était rétamé aussi !😬), ça l’a vraiment rassurée je trouve 😊
    J’espère que tt se passe bien depuis votre retour à la maison et que ta mini nana va vite se remplumer !😊
    Grosses bises😘

    Aimé par 2 personnes

  7. Appréhension de la seconde partie de l’accouchement bonjour !
    Je te souhaite plein de bonheur avec Petite Nana et le Mec. J’ai ris avec ta dernière phrase sur la pilule et la pilule du lendemain. D’un côté ça la fout mal au vue de votre parcours, d’un autre côté ça montre que votre parcours n’est pas écrit sur votre tête ni surligné dans votre dossier.

    Aimé par 1 personne

  8. Je crois malheureusement que quand il y a urgence, on ne maîtrise plus rien, on ne fait que subir et le corps médical ne nous voit plus comme un humain mais comme une urgence médicale!
    J’avais un beau projet de naissance aussi et j’ai vécu un accouchement cata : césarienne en urgence (c’est allé tellement vite qu’aucune explication du corps médical, je n’etais qu’un corps avec un bébé à faire naitre en urgence) ensuite bébé réanimé, intubé, néonat…etc je ne l’ai vu que le lendemain 24h après mon accouchement donc mon projet de peau à peau le plus lgts possible, l’allaitement…etc tout s’est envolé mais je retiens le plus important et le meilleur : mon bébé est en vie et en bonne santé. Ça m’a permit de relativiser le reste!
    Bon courage pour les débuts à 3 et plein de bonheur à vous!

    Aimé par 1 personne

  9. Eh bien ma fois ce fut rocknroll jusqu’au bout !! Tant mieux pour le happy end tout de même mais je comprends ton ras le bol qui aurait pu être évité si quelqu’un peut être dans la préparation à l’accouchement avait parlé du problème du placenta … qui sait peut être aurais-tu été moins surprise… en même temps comme bcp l’on dit plus haut, une urgence c’est une urgence et moins le temps d’y mettre les formes … tant que de manière générale tu ne restes pas traumatisée par l’expérience c’est le principal…. bisous 😘

    J’aime

Laisser un commentaire