L’envie en question

we want you

 

Je ne crois pas en l’instinct maternel. Je ne crois pas que ce soit ancré, génétiquement programmé pour les femmes ce désir de maternité. J’ai lu il y a plusieurs années le livre d’Elisabeth Badinter L’amour en plus et j’y ai trouvé l’expression de ce sentiment que la part du social joue énormément. Cette construction dès l’enfance qui nous pousse à jouer à la poupée, à être douce et maternelles envers ces bout de plastique « pour plus tard ».

Alors d’où me vient cette envie ?

Je ne voulais pas d’enfant. Pendant des années, je n’en voulais pas. J’ai été élevée par une femme aimante, c’est indiscutable, mais à sa manière. L’anorexie de ma mère est survenue lors de sa grossesse. Vivre avec une femme qui n’a pas supporté que vous déformiez son corps, c’est assez spécial. C’est surtout très discret, ce malaise qui s’installe entre nous. Il est distillé au fur et à mesure des années, il n’est jamais ostentatoire mais il devient le compagnon invisible de mon enfance.

Alors quand c’est à mon tour de donner mon avis, de me prononcer sur la question « Et toi t’en veux combien ? » et bien je n’en veux pas. Aucun. Je ne me projette pas. J’ai même une certaine répulsion/fascination pour les femmes enceintes. Je ne comprends pas comment on peut avoir envie de CA. Je me vois dans 5-10 ans partout sauf avec un enfant.

J’ai rencontré Le Mec et je suis tombée amoureuse de lui. Avec ces 5 petites années de plus que moi la question s’est posée doucement mais de plus en plus régulièrement sur notre envie de devenir parents. On s’est lancés il y a bientôt 3 ans et depuis il n’y a pas un seul jour où je ne me pose pas la question.

Est-ce que je veux des enfants ?

J’en veux avec Le Mec, c’est une évidence. Si je dois être mère un jour je veux que ce soit pour avoir son enfant. Mais sans lui ? Si demain tout devait s’arrêter (c’est là qu’on touche du bois), est-ce que je voudrais encore de cette grossesse ? Je suis incapable de répondre à cette question. Je sais que je ne veux pas un enfant coûte que coûte, je le veux avec Le Mec. Mais que devient toute cette attente si Le Mec et moi ne sommes plus  ? La question ne se pose pas, mais je me la torture souvent. Vous l’avez déjà eu cette envie qu’on vous ouvre de part en part pour comprendre ce qui se passe à l’intérieur de vous ? Au plus profond de vos pensées ?

Je n’arrive pas à analyser les échecs qui se succèdent. Parfois je me demande si j’ai envie de tout changer, changer cette super vie à 2. Les voyages qu’on peut faire si on veut, vivre où on veut, décider de tout recommencer si besoin. La PMA nous a encore plus soudé, serons-nous capable d’être a 3 ? Quel couple serons-nous après ça ? La tristesse qui me ronge quand je vois des femmes enceintes c’est parce que je le veux aussi de toutes mes forces ou c’est juste parce que je n’y arrive pas ?

Je n’arrive toujours pas à m’imaginer enceinte et mère. Je sais juste que quand j’ai reçu hier le cadeau de naissance pour la petite fille de mon amie, j’ai fondu en larmes. Elle n’est pas innée cette douleur, je me la suis construite.  Et plus que la tristesse il y a la peur, parce qu’après tout, on fait quoi une fois que ça marche ?

17 réflexions sur “L’envie en question

  1. Toutes ces questions je me l’ai suis posé un certains nombres de fois et à la différence de toi je suis convaincue que ce désir pour ma part est viscérale….
    Et surtout la grande question que je me pose c’est « est ce que j’aurais eu toutes ces interrogations si l’infertilité n’était pas rentrer dans notre vie? » Je ne crois pas, vraiment je crois que ce désir aurait été la, point, je n’aurais pas chercher plus loin, le pourquoi du comment. Alors je trouve ça triste que nous devions réfléchir plus que les autres sur un désir qui au fond acquis ou iné, est avant tout légitime…
    J’espère que tu va bien?

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    • Il y a une part de sérénité à savoir que c’est ce que tu as toujours voulu, malgré les doutes tu as l’intime conviction que c’est pour enfin avoir ce dont tu rêves depuis longtemps. Ca va, merci ma petite Panda 💋j’ai été un peu dans un autre monde ces derniers jours, tu sais le sentiment que tout le monde avance alors que tu fais du sur-place mais ca passe petit à petit, il faut bien 😊

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      • J’imagine très bien le sentiment que tu a eu ces derniers jours! J’espère sincèrement que pingui va être au top, quand tu sera prête
        Je te souhaite plein de courage et je suis convaincu que malgré tout vous ne faite pas du sur place il y a eu une accroche miss c’est génial même si l’issue n’est pas celle espérée je crois que ça vous laisse un magnifique espoir pour la suite 😃😃
        Des bisous 😘😘

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  2. Je n’ai pas eu de problème de fertilité mais j’ai toujours voulu avoir des enfants, j’ai été bien formaté par notre société, pour moi une famille heureuse = un papa une maman 2 a 3 enfants un chien et un scenic qui vivent dans un pavillon de banlieue…
    Mais je m’étais fait un schéma tellement précis que lorsqua 24 ans alors que j’espérais me marier et lancer le premier bébé pour mon quart de siècle et que l’homme ma dit que ce netait pas pour tout de suite j’ai tout remis en question, j’ai davord été en colère car je me disais qu’avec tout ce qu’on entend, si on ne pouvait pas avoir d’enfant il serait trop tard pour des traitements, une adoption (pas trop tard pour 1 mais pour le troisième car je n’arrivais pas à décrocher de mon cliché ), et finalement quand il s’est senti prêt, je ne l’étais plus car oui une vie a 2 est vraiment confortable , oui les vacances dans marmots sont plus simples et en même temps j’avais envie de vivre cette expérience quand même et puis je me suis dit et quand je serais vieille j’aurais personne et je me suis mise à paniquer ( et puis apres jai panique parce que et si je meurt jeune et quils grandissent sans maman cest horrible), bref tout ca pour dire que même celles qui n’ont pas de problème pour avoir des enfants peuvent ressentir toutes tes incertitudes, cest juste que ca dure beaucoup moins longtemps, et que c’est beaucoup moins légitime aussi… je pense que le mieux a faire c’est de profiter de ces moments ou vous êtes deux car peut être qu’un jour en vrai vous serez trois.
    Et pour te rassurer ta réaction pour le cadeau je la trouve normal et si tu te trouves horrible je suis pire que toi, j eprouve toujours de la jalousie lorsque quelqu’un m’annonce sa grossesse, si ca c’est pas irrationnel…. voilà voilà maintenant que je suis passée pour une folle psycopathe je te souhaite une bonne journée…

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    • Tu as soulevé un point intéressant : celui de la vie idéalisée VS la vie tout court et comment on se réadapte par la force des choses. Quand je me forçais à m’imaginer mère, je voulais avoir cette vie jeune, autour de 25 ans. Maintenant je suis dans le paroxysme de l’urgence car je suis loin de cet idéal et en même temps dans l’envie de ne pas sacrifier ma vie à la poursuite de cet idéal préfabriqué.
      Tu n’es pas une psychopathe et personne n’a le monopole de la légitimité (on dirait Mitterand comme ça, on va jamais me croire quand je dis que je suis jeune !). Les incertitudes et les doutes c’est profondément humain, c’est vrai que du côté de la PMA on a plus le temps de se triturer le cerveau !

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  3. Je comprends, mais je n’ai pas de réponse.
    Je me demande aussi si j’arrive à faire la différence entre l’envie inassouvie (d’en avoir) et l’échec (de ne pas y arriver).
    J’imagine que je cherche à me protéger (au cas où ça ne fonctionne pas) ; mais cette réponse ne s’applique pas à toi, il y a sûrement autre chose.

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  4. En PMA on cherche à se persuader qu’au final ce n’est pas si grave, peut-être que finalement on ne le veut pas assez (et peut-être que c’est pour cela que ça ne marche pas), pour se protéger et essayer d’apaiser cette idée que oui on pourrait ne jamais avoir d’enfant mais qu’on y survivrait.

    Je n’ai pas toujours voulu d’enfants biologiques, plus jeune je voulais adopter. Puis au fil du temps et de notre relation, l’envie viscérale d’être enceinte a pointé le bout de son nez.

    Mais si on était des C1 est-ce qu’on se serait posé ces questions ? je ne pense pas.
    Avant les essais j’étais persuadée de ce que je désirais, je ne me sentais juste pas encore prête à assumer, je me suis posée pleins de questions, j’ai même entamé une thérapie à ce moment là. Mais là question de « est ce que je le veux vraiment » n’est venu qu’avec le début de la PMA.

    Il ne faut pas oublier ton état d’esprit du début des essais. Même si ton désir d’être mère s’est construit avec ton couple, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas légitime. C’est difficile de se rappeler de notre état d’esprit du début, car on a bien changé depuis et on a trop de temps pour y réfléchir…
    Toutes ces questions, ne te les es tu pas posées avant le début des essais ? n’avais tu as les réponses à ce moment ?

    J’ai aussi cette peur de « on fait quoi si ça marche », « Est-ce que je serais à la hauteur », mais cela vient probablement en partie des relations qu’on a eu avec nos mères, et surtout parce que c’est l’inconnu et qu’on sait que nos vie vont être bouleversées (mais ne le sont-elles pas déjà d’une autre façon avec la PMA pour compagnie?)

    En tout cas si tu ressens le besoin d’en parler plus, n’hésite pas à m’envoyer un MP 😉

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  5. Merci pour ton soutien et ta présence Nirnaeth ❤️💋 C’est clair que si nous avions eu notre grossesse dans l’euphorie des premiers cycles nous ne serions posées certainement moins de questions.
    Je crois que le piège c’est le Et si ? Si ca avait marché avant oui, mais aussi le et si on arrêtait tout ? Le champs des possibles qui s’ouvre, le deuil bien sûr mais parfois j’imagine aussi le soulagement…
    C’est marrant car j’étais comme toi, j’ai toujours pensé en priorité à l’adoption. Et la PMA m’a enlevé ce désir en tout cas à aujourd’hui je ne me sens pas les épaules pour un tel parcours.
    Je ne sais pas, je ne pense pas d’ailleurs, qu’il y ait des réponses tangibles à toutes nos interrogations mais je reste persuadée que c’est quand même sain de se questionner, de se sonder pour ne pas (trop) se perdre.

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